Cie tout par terre

Réalisé par Stéphanie Pichon en février 2023

Cela fait plus de 20 ans que la Cie Tout Par Terre, ancrée en Charente, déploie son savoir-faire jonglant et ses spectacles familiaux. Un duo facétieux, des objets du quotidien qui valsent, des tournées de plus de 60 dates chaque année en salle mais surtout en rue. Et un tout nouveau festival des arts de la rue en juin, à Chasseneuil-sur-Bonnieure.

Welcome !, Cie Tout Par Terre, photo Noémie Pinganaud

Jongleurs du quotidien

Colin Camaret et Anthony Dagnas ont la Charente Limousine, en point commun. L’un y est né, l’autre y a vécu très jeune. Et c’est à Chasseneuil-sur-Bonnieure qu’ils ont développé leur autre passion commune : la jonglerie. Tout commence en 1999, lorsqu’ils décident, à cinq jongleurs amateurs, de créer une association pour proposer ateliers et animations. Un metteur en scène, Alain Servant, les encourage à monter Vos papiers SVP. Le succès est au rendez-vous, le spectacle tourne pendant des années dans les festivals de rue. Le groupe devient, en 2002, la Cie Tout Par Terre. « On est devenus intermittents et professionnels sans l’avoir vu venir ! Tout le monde avait un boulot à côté, on a tout lâché. » se souvient Colin Camaret.

Leur terrain de jeu ? La rue ! Leurs influences ? La Cie des Arrosés, également implantée en Charente, dont ils retiennent le côté burlesque ou Yvan L’Impossible. Après cette première tournée, le groupe se resserre sur Colin Camaret et Anthony Dagnas, désormais co-directeurs artistiques. Charles et Stone – qu’ils tournent encore ! – devient en 2010 un premier duo sans paroles, inspiré des années folles. « On en est à près de 300 représentations, il a beaucoup tourné, y compris à l’étranger ».

En 2015, la rencontre avec Elie Lorier, qui est toujours leur metteur en scène, oriente la compagnie vers la jonglerie d’objets du quotidien : Welcome, qui se passe dans un bar, s’amuse avec les verres et les plateaux, Aux p’tits rognons (2021), leur dernier né, se déroule dans une vraie cuisine de restaurant, avec casseroles et fouets valsant dans les airs. La scénographie est conséquente. « Souvent les gens associent ces éléments scénographiques imposants aux spectacles de salle. Mais nous les concevons clairement pour jouer dans la rue. L’un des atouts des arts de la rue, c’est qu’il n’y a pas de limite à ce qu’on peut proposer ! ». S’ils jouent désormais parfois en salle, « c’est la rue qu’on préfère, pour ce rapport au public très particulier ». Les trois spectacles actuellement en tournée, sont tous pensés pour un public familial. « On essaie de se projeter en tant que spectateur, de proposer une vraie performance de jonglerie, avec de la technicité, mais qui puisse toucher un très large public ».

Si la commune de Chasseneuil-sur-Bonnieure, partenaire de toujours aux côtés du Département de la Charente et de la Région Nouvelle-Aquitaine, leur met à disposition deux bureaux, les spectacles se peaufinent dans une grange, à Parzac. Ils y accueillent aussi des groupes scolaires, des ateliers de pratique, même si ce volet médiations, qui fut un temps très important, l’est un peu moins depuis qu’ils tournent sur les routes intensément. 65 dates en 2022, 50 dates déjà bouclées en 2023 dont Aurillac, un rendez-vous incontournable, mais aussi l’Italie pour la première fois. En 2023, la compagnie inaugure une nouvelle version de sa manifestation la Charente fait son Cirque, qui se tenait depuis des années à Chasseneuil, en novembre, et a accueilli jusqu’à 3 000 spectateur·rice·s. « On a fait la dernière édition en 2021 pour la faire évoluer vers un vrai festival des arts de la rue qui se tiendra les 10 et 11 juin, et accueillera une quinzaine de compagnies ». Nouveau nom : la Charente fait son CirqueHep Hep Hep

L’Affût : Qu’est-ce qui, personnellement, vous a intéressé dans la jonglerie ?

Colin Camaret : Mon oncle et ma tante étaient directeurs artistiques de la Compagnie l’Oboubambulle, une compagnie de rue pionnière, des années 80. Enfant, je suivais les tournées l’été, et je voyais ces jongleurs qui m’impressionnaient. J’ai appris à jongler tout seul, puis en échangeant avec d’autres, en autodidacte. J’ai vite été passionné par les jongleurs contemporains, aussi bien Jérôme Thomas pour le côté salle, que Yvan L’impossible qui a développé la jongle dans la rue. C’est vraiment une discipline infinie, qui a beaucoup évolué. C’est un art très simple, qui ne nécessite pas d’agrès importants, et qui peut avoir un côté poétique, ou très performatif, selon ce qu’on en fait.

L’Affût : Les objets du quotidien sont entrés dans vos spectacles depuis Welcome

Oui, depuis qu’on a commencé à travailler avec Elie Lorier, ancien jongleur, entre autres, de Jérôme Thomas, qui nous a aiguillé vers la manipulation d’objets et le détournement d’objets du quotidien. Cela nous a obligé à réapprendre à jongler, car jongler avec une balayette ou une bouteille, ça n’est pas la même chose qu’avec une balle ou une massue ! Avec Welcome on a aussi accordé une place plus importante à la scénographie, qui devient un personnage à part entière : le bar dans Welcome, la cuisine dans Aux p’tits Rognons. C’est même la scénographie qui nous apporte les objets à jongler : verres, plateaux, fouets de cuisine !

L’Affût : Depuis Welcome, tous vos spectacles se font avec Anthony Dagnas. Ce duo, c’est ce qui définit la Compagnie ?

Oui, il nous définit bien et dure depuis vingt ans ! Mais il y a aussi le côté humain, primordial lorsqu’on part en tournée et qu’on passe 24h/24 ensemble. Ceci dit, pour Aux p’tit Rognons, nous sommes en fait trois, même si le troisième personnage – un technicien manipulateur d’objets – est invisible du public !

Compagnie Tout Par Terre
16 rue Bir Hakeim 16260 Chasseneuil-sur-Bonnieure
05 45 94 72 69 – 07 81 76 75 01 – contact@cietoutparterre.com
cietoutparterre.com

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