Cinq bonnes raisons pour évaluer son utilité sociale dans le secteur culturel

Réalisé par Hélène Duclos en juillet 2021

Évaluer l’utilité sociale consiste à qualifier et mesurer les apports d’un projet ou d’une structure à la société.Les organisations culturelles gagneraient à évaluer leur utilité sociale. Pourquoi ? Voici 5 bonnes raisons de vous lancer.

Chantiers publics, Cie L’Homme debout, photo Michel Wiart

Parce que votre impact social est essentiel

Non essentiel, vous avez dit non essentiel ? La totalité des évaluations de l’utilité sociale montre que la culture est vectrice de lien social. Le lien social est ce qui fonde une société, son essence-même. La culture favorise l’échange et le partage. Elle relie les gens. Elle est constitutive de l’identité collective et construit un sentiment d’appartenance à un collectif ou à une communauté. Elle crée parfois une parenthèse d’exception salvatrice dans un quotidien difficile. Lorsqu’elle s’appuie sur des dynamiques bénévoles, elle offre aussi des possibilités d’engagement dans une action collective et génère une citoyenneté accrue.
La création, l’expression, l’ouverture, la diversité culturelle constituent des critères en soi de l’utilité sociale. La culture renforce le pouvoir d’agir et l’émancipation des personnes. Elle développe l’ouverture d’esprit et l’esprit critique, contribuant ainsi à la construction de soi. L’utilité sociale recoupe ici les droits culturels. Les projets culturels donnent accès aux références culturelles et aux ressources qui permettent à chacun de choisir et d’exprimer son identité. Le secteur culturel représente aussi un secteur économique à part entière. Il génère de la richesse, de l’emploi et une dynamique sur un territoire.
On la voit à travers ces exemples : l’évaluation de l’utilité sociale concerne le social au sens large, le « sociétal » avec des apports culturels, sociaux, environnementaux ou encore économiques.

Pour renforcer l’identité de son projet ou sa structure

L’évaluation de l’utilité sociale ne s’appuie pas sur une définition unique de l’utilité sociale qu’il conviendrait de vérifier. Ce qui est utile ou non à la société dépend du système de valeurs de ceux qui la nomme. L’étape fondatrice d’une démarche d’évaluation de l’utilité sociale consiste à définir l’utilité sociale a priori du projet ou de la structure. Ce travail est réalisé en mettant autour de la table l’ensemble des parties-prenantes (artistes, publics, partenaires institutionnels, associations…). Il pose les bases de la construction des critères d’évaluation, puis des indicateurs.
L’évaluation de l’utilité sociale permet de mettre en lumière les valeurs tacites qui sous-tendent chaque action. In fine, c’est la vision de la société, le monde commun que le projet incarne qui se révèle. La démarche fait apparaître l’utilité sociale singulière de chaque projet ou structure.
Ce travail questionne le sens et s’avère très efficace pour affiner l’identité d’un projet, pour la mettre en mot. Il génère une vraie dynamique au sein des collectifs qui se (re)mobilisent ou (re)trouvent le sens de l’action commune.

Pour donner à voir ce que vous apportez vraiment

Le nombre de visiteurs d’une exposition, le nombre d’artistes programmés ou encore le nombre d’entrées à un festival sont des indicateurs bien piètres pour rendre compte de votre activité. Ils sont même inopérants pour rendre compte de votre utilité sociale et pourtant bien des évaluations ne dépassent pas ce stade. Elles cherchent à mesurer ce que vous avez fait et non ce que votre action a réellement apporté. L’évaluation de l’utilité sociale offre l’avantage de ne pas regarder uniquement ce que vous avez réalisé, mais également votre impact sur la société, avec des données chiffrées et des données qualitatives. Elle prend en considération la diversité des apports à la société et permet d’avoir un langage clair et argumenter pour les médias et le grand public.

Pour renforcer ses partenariats

En étant clair dans la manière dont vous contribuez au monde commun et les valeurs que vous développez, en ayant des données qualitatives pertinentes et des chiffres qui attestent de l’impact de votre action au-delà du discours, vous pouvez affirmer votre positionnement. Vous développerez un argumentaire pertinent auprès des institutions qui vous soutiennent. Il sera plus facile également de chercher de nouveaux financements et vous serez en capacité de construire des partenariats sur des bases qui vous ressemblent.

Et parce que ce n’est pas si compliqué !

Évaluer un projet peut paraître complexe, mais de nombreuses structures se sont déjà emparées de la démarche dans une logique d’évaluation ou d’auto-évaluation. Elles ont produit des données solides et leurs résultats ont pu être largement valorisés.
La première étape consiste à clarifier les enjeux de l’évaluation. Les raisons pour lesquelles l’évaluation est menée orientent en grande partie le choix de la méthode. Être clair sur les enjeux de l’évaluation permet de concevoir un dispositif d’évaluation pertinent et efficient au regard de ce qu’on attend de l’évaluation. Il faudra ensuite prendre le temps d’identifier votre utilité sociale avec vos parties-prenantes pour constituer votre référentiel d’évaluation. Une erreur commune est de se précipiter sur un choix d‘indicateurs avant d’avoir défini les critères.
Le choix de la méthode d’évaluation dépendra des enjeux et des moyens disponibles. Il peut s’agir d’une évaluation externe ou d’une auto-évaluation, donnant lieu à un document de 4 pages communiquant, à un rapport approfondi, etc. Il n’existe pas de bonne ou mauvaise méthode. Elle doit juste être adaptée à vos enjeux et à vos ressources. N’hésitez pas à vous faire accompagner a minima pour vous aider à structurer votre démarche. Même avec de petits moyens, il est possible de se mener dans une démarche d’évaluation qui vous sera utile.
Alors, vous vous lancez ?

Plus d’informations sur trans-formation-associes.fr/helene-duclos

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