Compagnie Julie Dossavi

Réalisé par Marie-Agnès Joubert en juillet 2016

La danseuse et chorégraphe développe une démarche chorégraphique atypique, à la croisée de la danse,de la comédie et de la musique.

La Juju, Compagnie Julie Dossavi, photo Grégory Brandel

Julie Dossavi, en toute liberté

Animée dès l’enfance par une irrésistible envie de danser, Julie Dossavi a mis un certain temps à vaincre sa peur ; celle de devoir, pensait-elle, se confronter à la danse classique qui ne correspondait ni à ses aspirations, ni à sa morphologie. L’adolescente se retranche donc dans l’athlétisme puis le patinage artistique, avant de prendre son destin en main grâce à ces modèles que représentent alors pour elle les danseurs de Fame ou Flashdance. « Voir des danseurs noirs ou métis évoluer m’a donné de la force », se souvient Julie Dossavi, qui se décide enfin à l’âge de 15 ans à pousser la porte d’une école de danse de jazz, où sa personnalité singulière ne tarde pas à être repérée. Ses premiers doutes levés, elle gagne Paris afin de suivre au sein de l’Unité d’enseignement et de recherche d’éducation physique et sportive (UEREPS) des études d’éducation physique – peut-être pour rassurer ses parents,« épouvantés » à l’idée qu’elle souhaite devenir danseuse – option danse contemporaine. Les premiers moissontrudes – «j’étaisperdue,pensaism’êtretrompéedevoie »– mais Julie Dossavi s’accroche et, à la faveur d’un examen, se révèle à elle-même. « J’ai compris que la danse contemporaine me permettrait d’être libre et de trouver mon style »,confie-t-elle. Oublié le professorat d’éducation physique :sa Licence en poche, la jeune artiste entre de plain-pied dans le métier en dansant sous la houlette de Jean-François Duroure, puis de Philippe Decouflé lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques d’Albertville.
D’autres collaborations (auprès de Ketty Noël,Salia Sanou,Kader Attou…) suivent,mais le besoin de se forger une identité artistique s’avère plus fort et conduit Julie Dossavi à créer sa compagnie en 2003.Si dès son premier spectacle,P.I. (réunissant une danseuse, un chanteur et deux musiciens), la danseuse et chorégraphe affiche,de manière très précurseur,un goût pour la transversalité, c’est sans nul doute Cross & Share (2012) qui synthétise le mieux sa démarche. L’artiste y joue, chante et danse, co-signe la chorégraphie avec Hamid Ben Mahi, Serge Aimé Coulibaly, Thomas Lebrun et la mise en scène avec Michel Schweizer.Parfois difficiles à diffuser, ces formes hybrides séduisent néanmoins des lieux comme la scène nationale d’Angoulême, le Centre chorégraphique national de La Rochelle, et Les Treize Arches à Brive qui,entre 2007 et 2015,accueillent Julie Dossavi en qualité d’artiste associée ;l’opportunité,pour elle,d’ouvrir plus largement les portes de la danse contemporaine au public.
Dans sa dernière création, La Juju, Julie Dossavi renoue avec ses racines africaines tout en restant fidèle aux thématiques qui lui sont chères : la figure de la femme, la double culture, la différence, l’exclusion… Elle y incarne une héroïne un brin déjantée, capable de voyager dans le temps et dans l’espace au son des musiques d’Afrique de l’Ouest des années 60 à 80, parfois fatiguée et cependant toujours prompte à se battre. Un autoportrait de l’artiste qui, à 48 ans, ignore combien d’années encore elle dansera mais se dit déterminée, quels que soient les obstacles, à continuer de « faire entendre [sa] voix ».

L’Affût : Vous avez lancé une campagne de financement participatif pour présenter La Juju au Festival d’Avignon. Quel regard portez-vous sur cette démarche qui tend à se généraliser ?

Julie Dossavi : Avec une diminution de plus de 50% de mes subventions, je n’avais pas le choix, mais la démarche me semble très intéressante car elle permet d’acquérir une indépendance. Les moyens financiers se réduisant de plus en plus, il est nécessaire d’aller dans le sens d’une plus grande liberté, de se donner la possibilité de danser, de s’exprimer quand et où l’on veut, sans attendre que les programmateurs nous y autorisent. De quel droit en effet pourrait-on m’empêcher de danser ? Je trouve injuste que les programmateurs se tournent uniquement vers un certain cercle d’artistes et négligent les autres. Les compagnies émergentes doivent se battre, ne rien lâcher et ne pas tout miser sur l’attribution de subventions qui, à mes yeux, impose trop de critères et de normes.

L’Affût : L’A. vous accompagnera à la Tanzmesse de Düsseldorf puis à la Biennale de la danse de Lyon. Qu’attendez-vous de cette opération ?

J’ai participé il y a deux ans à la Tanzmesse où j’avais loué un espace. Ce salon de la danse rassemble de très nombreux programmateurs, notamment étrangers, que l’on peut contacter de manière directe et que l’on retrouve ensuite à la Biennale de la danse de Lyon. Il est donc important de participer successivement au deux événements. Je suis ravie que L’A. me fasse confiance et défende La Juju. En outre, des agences régionales (L’A., Spectacle Vivant en Bretagne, Odia Normandie, Réseau en scène Languedoc- Roussillon, Le Transfo, Arcade Paca et Le Lab – Liaison Arts Bourgogne) occuperont un même stand, ce qui permettra de mutualiser les savoir-faire et les énergies, d’attirer davantage les regards (lire page 5). Ce sera également l’occasion de rencontrer des artistes d’autres régions en même temps que d’autres pays. J’attends de la présence à ces deux manifestations de bonnes retombées sur le plan international.

Compagnie Julie Dosavi
06 36 66 06 77
diffusion@cie-juliedossavi.com
cie-juliedossavi.com

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