Compagnie Labase

Réalisé par Marie-Agnès Joubert en juillet 2017

Dorothée Sornique défend une démarche artistique pluridisciplinaire, dans laquelle création et médiation sont intimement liées.

Tchekov à la carte, Compagnie laBase, photo Laure Sornique

Artiste aux multiples facettes

Entourée de parents plasticiens, d’un grand-père qui hésita entre la médecine et le spectacle et d’une grand-mère passionnée par l’écriture, Dorothée Sornique était vouée à embrasser une carrière artistique. Mais entre ces différents arts, lequel choisir ? Ce sera d’abord le théâtre, au sein d’une troupe amateure de Châtellerault qu’elle intègre à l’adolescence avant de rejoindre Paris pour expérimenter de multiples pédagogies de jeu : celle du Cours Raymond Girard, d’Andréas Voutsinas, de la méthode Grotowski-Barba et enfin de disciples de Peter Brook. Son attirance pour la pluridisciplinarité la conduit à compléter son apprentissage par des stages en danse, chant, vidéo ; un solide bagage rapidement mis à profit lorsque, croisant la route de Benoît Szakow en 1996, elle crée avec lui le Collectif BU. Débute alors une aventure de dix ans, à laquelle prennent part des comédiens, des auteurs, des musiciens et des metteurs en scène. « Cette période a renforcé mon désir de monter à la fois le répertoire et des spectacles conçus à partir de textes de sources très différentes », confie-t-elle. Quand Dorothée Sornique quitte le Collectif pour fonder la Compagnie laBase, elle poursuit dans une voie transdisciplinaire, aux côtés notamment du musicien et vidéaste Emmanuel Reveneau, qui l’initie au live looping, présent dans toutes ses créations.
Si le premier spectacle de la compagnie, XX, Histoires de chœur et d’individus (2007), qui entrelace jeu de l’acteur, projections sonores et visuelles et musique live révèle une signature, on aurait tort de résumer sa démarche à ce seul concept. Inclassable, Dorothée Sornique navigue avec autant d’aisance entre performances (Les pulsions cannibales des parents, d’après Georges Devereux), commandes (C’est vous le papa ?), spectacles jeune public (On s’en mêle, Et Là Dedans ?) et théâtre contemporain (Au But, de Thomas Bernhard). Le trait d’union entre ces productions réside dans la relation de proximité induite avec le public, toujours associé au processus de création sous une forme ou une autre ; qu’il s’agisse de chantiers menés avec des tout-petits pour le jeune public, de médiations ou encore de levers de rideau proposés aux scolaires. La transmission sur le territoire (à l’IUT, dans des lycées, à l’École de la seconde chance et via l’organisation de stages et d’ateliers) occupe aussi une place très importante dans l’activité de laBase. Et peu importe si elle prend parfois le pas sur la production – un spectacle tous les deux ans. Dorothée Sornique persiste et signe. « Cela me permet de rester en contact avec la création, de poursuivre mes recherches et d’être en lien étroit avec le public », affirme celle qui déplore l’élitisme de certaines mises en scène actuelles et professe un seul credo : le partage et la communion avec les spectateurs.

L’Affût : Vous utilisez la technologie du live looping. En quoi consiste-t-elle et qu’apporte-t-elle à vos créations ?

Dorothée Sornique : Cette technologie consiste en l’enregistrement de sons ou d’images en temps réel puis en leur traitement durant la représentation. Le live looping est très important à mes yeux car il insuffle sa propre dynamique à celle, générale, du spectacle. Dans XX, Histoires de chœur et d’individus, il nous permettait de capturer la voix des comédiens, de faire en sorte que ceux-ci interagissent avec leur propre texte et les sons. Pour Au but, de Thomas Bernhard, nous avions conçu la bande son à partir des éléments sonores (voix des comédiens, bruits…) présents sur la scène. Le live looping créant des systèmes clos, il correspondait bien aux intentions dramaturgiques de la pièce, en jouant sur la répétition, la boucle. Pour d’autres spectacles, l’utilisation de cette technologie ne diffère pas tellement d’une performance musicale réalisée en live.

L’Affût : Vous allez proposer un Cycle Anton Tchekhov en janvier 2018. Comment se présente ce projet ?

Envisageant de mettre en scène Ivanov durant la saison 2020-2021, il m’a semblé pertinent de commencer avec Tchekhov à la carte – pièces en un acte, quatre petites pièces (Les Méfaits du tabac, L’Ours, La demande en mariage et Le Chant du cygne) écrites par Tchekhov à la même période, auxquelles peut être associée une conférence sur la vie et l’œuvre de l’auteur. En outre, toutes évoquent la place des femmes et la notion d’appartenance à un territoire, des thématiques qui me sont chères. Ces formes courtes nous offrent aussi la possibilité de présenter des spectacles de façon itinérante. Les structures (Les 3T Théâtres à Châtellerault – co-producteur principal, le Festival Ah ?
à Parthenay, La Quintaine à Chasseneuil-du-Poitou, La Dynamo à Commentry, les salles communales…) choisiront les pièces qu’elles souhaitent accueillir et nous construirons en amont un parcours du spectateur en fonction des envies et des attentes du public : ateliers autour de la musique et de la lecture des textes, ou encore un faux mariage organisé avec les publics autour d’une autre pièce, La Noce. L’idée est de tisser des liens avec les habitants des lieux où nous jouerons et de leur proposer une approche plurielle de l’univers de Tchekhov.

Compagnie laBase
8, rue de la Taupanne 86100 Châtellerault
05 49 21 72 33
allolabase@free.fr
allolabase.com

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