La Manufacture, Centre de développement chorégraphique national

Entre deux villes

En janvier 2018, Le Cuvier, Centre de développement chorégraphique d’Artigues-près-Bordeaux fusionnait avec un projet intitulé La Manufacture Atlantique pour donner naissance à La Manufacture-Centre de développement chorégraphique national (CDCN) implantée dans une ancienne usine de chaussures bordelaise transformée en friche artistique. Un an après, le 1er avril 2019, le CDCN connaissait un nouveau tournant de son histoire en réalisant le transfert partiel des activités de l’association rochelaise Les Éclats. « Aujourd’hui, nous disposons de deux lieux de travail, et donc de deux implantations sur deux territoires, ce qui fait de la Manufacture un nouveau modèle de CDCN », explique la directrice déléguée de La Manufacture, Lise Saladain. Tandis que la salle bordelaise possède un plateau dédié en particulier à la diffusion, un studio et un espace de convivialité, la Chapelle Saint-Vincent à La Rochelle dispose d’un studio, ce qui permet à La Manufacture d’augmenter sa capacité de résidences artistiques, mais aussi d’accueil des publics professionnels (formations, master-classes) et amateurs (pratique artistique, médiation autour des œuvres, éducation artistique et culturelle…). « Nous développons également de multiples actions culturelles dans des lieux de la métropole bordelaise, de la Gironde, de l’Agglomération de La Rochelle et de la Charente-Maritime et assurons une diffusion hors les murs », précise Lise Saladain.
Conformément à ses missions de soutien à la création, le CDCN accompagne chaque année une douzaine d’équipes artistiques, dans le cadre d’accueils en résidence (essentiellement d’écriture et de recherche à la Chapelle Saint-Vincent, et de création à Bordeaux) assortis d’une enveloppe de production minimale de 5 000 €, modulable en fonction des projets. « Dès que nous coproduisons un spectacle, nous nous engageons à le diffuser en effectuant des pré-achats », ajoute Lise Saladain, rappelant en outre la forte implication de La Manufacture dans quatre réseaux : celui des CDCN, La Danse en grande forme (impulsé par le CDCN), le réseau Les Petites scènes ouvertes (centré sur l’émergence) et Loop (jeune public). À cet investissement conséquent, ô combien précieux pour les compagnies de danse qui manquent cruellement d’espaces de travail et de diffusion, s’ajoutent ceux qui concernent des artistes en compagnonnage (toujours régionaux, et pour une durée pouvant atteindre, comme actuellement pour la Compagnie La Tierce, 6 ans) et enfin une chorégraphe internationale associée pendant trois ans. Après Marlene Monteiro-Freitas puis Claudia Catarzi, Marcela Santander Corvalán bénéficie à son tour d’un soutien à hauteur de 45 000 € par an. En outre, le CDCN dans le cadre de « Danse et autres langages », ouvre son projet à des écritures (et donc des compagnies) pluridisciplinaires, qui viennent enrichir un peu plus encore les rencontres avec les publics. Si ceux-ci circulent encore rarement entre les deux lieux (distants de 185 km), les artistes, eux, répètent et expérimentent sans difficulté à La Rochelle avant de créer à Bordeaux. Et en à peine de deux ans, La Manufacture a réussi à affirmer son identité singulière.