La réouverture des lieux culturels : Une saison comme les autres ?

Réalisé par Marion Ecalle en octobre 2021

Entre l’urgence de renouer le contact avec les publics et l’obligation de faire appliquer les contrôles et protocoles sanitaires,comment les lieux appréhendent la réouverture ?

Festival Au fil du son, photo Maximilien Marie

Festival au fil du son

Le Festival Au Fil du Son à Civray est un festival de musiques actuelles en milieu rural, dans le Sud-Vienne (86).
Annulé trois fois en 2020 sous les différentes formes imaginées, son directeur Grégoire Renaudon s’est battu pour le faire exister en 2021. Pour lui, le retour du live, c’était obligatoire malgré la jauge limitée, bien en dessous des capacités d’accueil habituelles, et malgré l’obligation du pass sanitaire pour les spectateurs. « Une année de pause c’est dur pour les artistes, pour les organisateurs, mais aussi pour les bénévoles. Il faut se remobiliser. On passe très vite dans l’oubli. Et puis, notre public ce sont les 16 / 18 ans. S’ils remplacent leur 1er festival par autre chose, c’est très difficile de les raccrocher plus tard ».
Le festival s’est tenu sur 5 jours en juillet, au lieu de 3 habituellement. « On a vu un vrai engouement du public qui se retrouvait autour des artistes » souligne Grégoire Renaudon malgré la baisse importante de fréquentation due aux contraintes que le festival applique à la lettre. Il observe que les remarques désagréables apparues sur les réseaux sociaux avec l’obligation de contrôle du pass sanitaire n’ont pas affecté la bonne ambiance du festival.
Les spectateurs qui n’avaient pas leur vaccination complète pouvaient se faire tester à l’entrée du site ; cela a été le cas pour 5% du public : « les gens ont joué le jeu, le public, les artistes, ont été exceptionnels ».
Pour l’avenir, des inquiétudes demeurent. Il y a quelques années les lieux accueillant du public ont dû appliquer le plan Vigipirate et absorber le coût de la sécurité. Grégoire Renaudon se demande ce qui va se passer avec les contrôles sanitaires à l’avenir. Qui va en assumer la responsabilité et le coût ?
Prochaine édition du jeudi 28 juillet au samedi 30 juillet 2022.

L’Odyssée à Périgueux

L’Odyssée est une scène conventionnée d’intérêt national « Art et création » pour les arts du geste, située à Périgueux.
Nathalie Elain, directrice, démarre la nouvelle saison en ayant fait le choix de ne pas reporter les dates annulées sur les deux dernières saisons. « On a fait le choix de ne pas faire de report, pour vraiment repartir sur une page blanche et être à l’écoute de ce qui s’est produit cette année », nous explique-t-elle.
« On propose des offres artistiques plus rassembleuses que d’habitude, avec des formes fédératrices, qui amènent la question du plaisir d’être ensemble ».
Pour autant, tout n’a pas été facile : L’équipe de l’Odyssée a dû faire face aux délais, à chaque fois très courts, imposés par les décrets.
Les fermetures successives, les réouvertures avec des changements de jauge, la mise en place de protocoles pour faire face à la réorganisation de l’accueil des publics, n’ont pas toujours été bien vécus. « On sent que c’est notre professionnalisme qui est remis en question. Nous dire « qu’il y a qu’à faire comme ça », c’est ne pas prendre en compte le temps du métier. La bonne marche d’un théâtre ça sous-entend des équipes qui ont un temps de préparation, un temps de travail » nous explique Nathalie Elain. « La situation nous oblige à nous questionner et à remettre à plat notre manière de faire. Qu’est-ce qui est possible ? On travaille dans un milieu où on se donne trop peu le temps de penser, de questionner, et paradoxalement le théâtre est le lieu pour regarder la manière dont on fait les choses, comme on échange, comment on peut inventer ensemble. » poursuit-elle.
À la rentrée, l’obligation de contrôle du pass sanitaire s’est ajoutée au contrôle à l’entrée de lieux accueillant du public instauré avec Vigipirate. Ce deuxième contrôle est confié au personnel de sécurité dès l’entrée du bâtiment. Les lecteurs du QR code, appelés « douchette » ont été fournis par la mairie.
« Pour la saison, on a travaillé les budgets de manière très prudente, on n’a pas les mêmes objectifs en billetterie que d’habitude. On n’aura pas les yeux rivés sur les jauges. On ne peut pas travailler sur les mêmes repères qu’avant » nous dit Nathalie Elain qui affirme son envie de faire moins mais mieux, en programmant 40 spectacles (au lieu de 45 avec la direction précédente avant la crise sanitaire) et en favorisant les séries.

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