Label 100% EAC, nouvel outil de l’éducation artistique et culturelle

Réalisé par Sarah Le Blé en février 2023

L’éducation artistique et culturelle émane d’une politique gouvernementale inscrite dans la loi d’orientation et de programmation de 2013. En Nouvelle-Aquitaine, grâce à une diversité d’acteur·rice·s culturel·le·s, associatif·ve·s, institutionnel·le·s…, l’EAC correspond à une réalité quotidienne et généralisée. Le label 100 % EAC, dont ont déjà bénéficié 16 collectivités de la région, vient donner un nouveau coup de pouce à son déploiement.

Le label 100% EAC en pratique

Qu’est-ce que le label 100 % EAC ?

Le label 100 % EAC valorise un engagement, une démarche partenariale et une stratégie pour parvenir à la généralisation de l’éducation artistique et culturelle sur le territoire. Le label est attribué par le·a préfet·ète de région et le·a recteur·rice d’académie pour une durée de cinq ans renouvelables, après avis des services déconcentrés (rectorat et direction régionale des affaires culturelles), qui peuvent mobiliser d’autres experts.

Combien de collectivités ont obtenu le label en Nouvelle-Aquitaine ?

La Nouvelle-Aquitaine est la région de France qui a obtenu le plus grand nombre de candidatures (19). 16 collectivités ont été labellisées en 2022 dans sept départements différents : la communauté de communes Val de Charente, la communauté d’agglomération de Grand Angoulême, les communautés de communes 4B Sud Charente, Lavalette-Tude-Dronne, du bassin de Marennes, Cœur de Saintonge, Creuse Confluence, la Ville de Bordeaux, la communauté d’agglomération du Libournais, les communautés de communes Convergence Garonne, Latitude Nord Gironde, Réolais en Sud Gironde, la Ville de Saint-André-de-Cubzac, la Parc National des Landes de Gascogne, la communauté d’agglomération Pau Béarn Pyrénées, la communauté de communes du Thouarsais.

Comment candidater ?

Le·a porteur·e de projet doit remplir un dossier d’engagement qui présente la collectivité, les ressources artistiques, culturelles et patrimoniales mobilisables sur le territoire ainsi qu’une autoévaluation permettant de dresser un état des lieux qualitatif et quantitatif de la politique menée en matière d’éducation artistique et culturelle. Enfin, il s’agit de présenter la stratégie 100 % EAC envisagée pour l’obtention du label, ainsi que les objectifs chiffrés à atteindre en 5 ans. Les collectivités labellisées avaient trois mois, du 24 janvier au 24 avril 2022, pour candidater. Le nouveau calendrier n’est pas encore établi. Toutes les infos sont à retrouver sur le site du ministère de la Culture culture.gouv.fr

La mise en œuvre d’une politique d’éducation artistique et culturelle repose sur un partenariat dynamique avec les collectivités et sur la territorialisation de la démarche en appui sur les ressources culturelles de proximité. En ce sens, le label 100 % EAC vient compléter un dispositif déjà bien implanté en Nouvelle-Aquitaine, avec des habitudes de travail collaboratif déjà bien présentes : « La labellisation 100 % EAC est un outil parmi d’autres pour encourager l’éducation artistique et culturelle. La Drac travaille depuis de nombreuses années à une généralisation des pratiques culturelles auprès des enfants d’âge scolaire, et ceci main dans la main avec le rectorat », présente Sophie Lecointe, directrice du pôle Démocratisation et action territoriale de la Drac Nouvelle-Aquitaine.

« Il est important de rappeler que l’éducation artistique et culturelle correspond à une politique gouvernementale co-portée par les ministères de la Culture et de l’Éducation nationale qui travaillent de manière totalement partenariale », abonde Catherine Darrouzet, cheffe de service interacadémique de l’éducation artistique et culturelle pour les académies de Bordeaux, Limoges et Poitiers.

L’EAC présente dans tous les cahiers des charges

Dans les faits, cette politique repose sur trois piliers (la connaissance, la pratique artistique et la rencontre avec les œuvres et les artistes), et se traduit par différentes actions, comme la mise en place du Parcours d’éducation artistique et culturelle (PEAC) ; les projets structurants de territoire via le contrat territorial d’éducation artistique et culturelle, le contrat territoire lecture, etc. ; les appels à projets nationaux, régionaux et académiques ; les pôles de ressources pour l’EAC ; le pass Culture (lire encadré)…

« L’EAC est devenu un élément qui apparaît dans tous les cahiers des charges et qui conditionne l’obtention d’un label, quel qu’il soit », souligne Sophie Lecointe.
Le chemin parcouru en Nouvelle-Aquitaine en faveur de l’EAC a permis de changer de paradigme : « En plaçant l’EAC comme une composante obligatoire de la formation de l’élève, c’est une autre façon d’enseigner et d’apprendre qui se développe. Nous avons rompu depuis longtemps avec le schéma qui considérait la culture comme réservée à quelques-uns. L’EAC permet au contraire de rattacher tout élève au champ du savoir » précise Catherine Darrouzet.

Le label 100 % EAC, outil fédérateur

Porté par le Haut Conseil de l’EAC (instance collégiale coprésidée par les ministres de la Culture, de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports), le label 100 % EAC se veut un outil fédérateur qui renforce la démarche d’une collectivité ayant fait le choix de s’engager dans l’éducation artistique et culturelle pour 100 % des jeunes de son territoire. Ce label s’adresse aux villes, communautés de communes, parcs naturels régionaux, métropoles… Il ne peut pas être attribué aux régions ni a priori aux départements.

Quels avantages pour une collectivité ?

Le label donne de la visibilité aux collectivités, ainsi qu’une reconnaissance sur le plan national. Il ne comprend pas de financement dédié mais vient encourager une démarche. C’est une distinction qui vient souligner l’implication forte d’une collectivité et donner la garantie institutionnelle d’un partenariat et d’un savoir-faire reconnu pour les familles, les habitant·e·s et les institutions.
Pour Catherine Darrouzet, « le label apparaît comme un creuset de toutes les forces mobilisées en faveur de l’EAC, dont le tout est bien supérieur à la somme des parties : l’élève peut être amené à suivre un parcours au-delà de la tutelle d’une collectivité à laquelle il se rattache. Le label ne peut en effet être pensé en dehors d’un écosystème qui fédère une pluralité d’acteurs ».

« Le label ne s’entend pas comme point d’arrivée mais bien comme point de départ », complète Sophie Lecointe. « Il encourage une collectivité à atteindre ses objectifs en termes d’EAC et sert à montrer la mobilisation en place pour y arriver. C’est une distinction délivrée au niveau de chaque région par les services de l’État, mais aussi portée au niveau national par le Haut Conseil de l’EAC (HCEAC). Il permettra de mettre en visibilité cette politique par l’animation et la mise en réseau de ces collectivités labellisées (rencontres, partage de ressources et de pratiques…). »

Les 9 actions de la stratégie EAC de la ville de Bordeaux

Bordeaux vient d’être labellisée 100 % EAC comme 15 autres collectivités en Nouvelle-Aquitaine. La Ville affirme sa volonté de faire de l’EAC « une clé de l’émancipation et de l’épanouissement individuel de la jeunesse bordelaise », et souhaite décliner sa stratégie autour de 9 actions.

  1. Adapter la Charte Éducation Artistique Culturelle à l’échelle de la Ville ;
  2. Élaborer un outil à destination des professionnel·le·s permettant la mise en place, l’interconnaissance et servant de lieu de ressource de projets EAC ;
  3. Expérimenter un « passeport » EAC à destination des élèves bordelais·es de 3 à 12 ans ;
  4. Mettre en place des marrainages et des parrainages entre établissements scolaires, artistes, scientifiques et/ou lieux culturels ;
  5. Développer des résidences artistiques au sein des relais petite enfance, des crèches et des écoles ;
  6. Prendre en compte l’EAC dans les critères d’attribution de subventions aux associations ;
  7. Développer des actions hors-les-murs à destination des personnes « empêchées » (champs social, personnes en situation de handicap…) ;
  8. Diversifier et augmenter l’offre de mallettes thématiques conçues par les bibliothèques à destination des classes maternelles et élémentaires de la Ville, des structures en charge de jeunes sur le temps périscolaire et la petite enfance ;
  9. Activer un plan de formation à destination des professionnel·le·s.

Le pass culture, tremplin vers le label 100% EAC

Le pass Culture est un outil au service de la généralisation de l’EAC. Valentine Pommier, responsable de développement Grand Ouest pour le pass, nous en dresse les contours.

Pouvez-vous retracer l’historique du pass Culture ?

Le pass Culture est une politique publique culturelle, financée notamment par le ministère de la Culture et généralisée à l’ensemble du territoire national en mai 2021. Le dispositif s’adressait alors, à cette période, uniquement aux jeunes de 18 ans, qui pouvaient bénéficier d’un crédit culturel de 300 €. Les jeunes s’en sont largement saisis, effectuant de nombreuses réservations dans les secteurs du livre et du cinéma notamment.

En janvier 2022, le dispositif s’est étendu aux 15-17 ans et a intégré deux volets, individuel et collectif, pour les élèves de la 4e à la terminale, CAP compris. Les établissements scolaires peuvent ainsi financer des projets EAC grâce à des crédits financés par le ministère de l’Éducation nationale, allant de 20 € à 30 € par élève.

Comment les structures culturelles s’y prennent pour utiliser ce pass et quels sont les avantages pour elles ?

Une fois habilitée, la structure culturelle peut travailler en coconstruction avec l’établissement scolaire ou bien proposer une offre générique, non calibrée pour un établissement précis. Dans les deux cas, l’offre est publiée sur ADAGE, plateforme de référence pour les professeurs et chefs d’établissements.
Dans ce cadre, le pass devient véritablement un outil qui facilite le paiement des acteurs culturels et renforce leur visibilité.

Comment ce pass vient compléter le dispositif en faveur de l’éducation artistique et culturelle ?

Ce dispositif vient renforcer les outils déjà existants pour atteindre le « 100 % EAC » : l’objectif de ces crédits pass consiste à faire profiter chaque élève, de la 4e à la terminale, d’une sortie ou projet culturel dans l’année. Les projets sont validés selon des critères bien précis et ne peuvent s’apparenter à une simple sortie. Il s’agit d’accompagner les jeunes dans le processus de « rencontre » culturelle. Sous sa forme initiale (individuelle), le pass encourageait déjà l’autonomisation des pratiques à partir de 18 ans ; en milieu scolaire, il permet d’ouvrir la sensibilité et la curiosité des jeunes.

Le pass Culture en chiffres

2 millions de jeunes inscrits à ce jour, 210 000 en Nouvelle-Aquitaine (dont 90 000 entre 15 et 18 ans).
Plus de 700 acteurs culturels ont répondu sur le territoire néo-aquitain, soit 10 000 offres scolaires générées (et 7,5 millions d’offres individuelles et collectives confondues).

Partager