Le Champ de Foire

Réalisé par Marie-Agnès Joubert en juillet 2019

En multipliant les initiatives en direction des habitants, Le Champ de Foire réussit à s’ancrerde plus en plus fortement sur le territoire.

Photo Le Champ de Foire

Un lieu culturel de proximité

Salle municipale polyvalente dont la programmation est confiée à l’association Clap, le Champ de Foire dispose d’équipements – un plateau de 10 m de profondeur par 12 m d’ouverture, un studio de danse et des gradins modulables – qui lui permettent de satisfaire sa vocation pluridisciplinaire tout en privilégiant deux axes : le théâtre contemporain (pour les adultes et le jeune public) d’une part, le cirque de création d’autre part, via notamment le festival Péripé’cirque qui accueille durant quinze jours début mars des compagnies nationales. Fidèle à cette ligne artistique, l’actuel directeur de la programmation, Thibaud Keller, a toutefois entrepris dès sa nomination à l’automne 2015 d’affirmer plus avant l’ancrage territorial du lieu. Un choix justifié par la situation géographique du Champ de Foire, unique établissement culturel de Haute Gironde disposant d’une équipe professionnelle et d’une programmation à la saison. « Il m’est apparu d’emblée nécessaire, précise Thibaud Keller, de conjuguer des propositions en salle et un travail d’infusion sur un large territoire. » Un tiers des trente spectacles à l’affiche est ainsi présenté hors les murs, dans l’espace public, des salles des fêtes, des médiathèques, ou encore des moulins et des châteaux vinicoles. Outre le cirque, art fédérateur par excellence, Le Champ de Foire dispose d’autres atouts afin de se porter à la rencontre des publics sur un périmètre de quelque 40 km alentour ; en particulier cette permanence artistique sur le territoire favorisée par un compagnonnage mené durant trois ans avec une compagnie – le Collectif Os’O hier, La Grosse Situation jusqu’en 2020. Engagé auprès d’elle à hauteur de 25 000 € par an (coproduction, diffusion et médiation cumulées), le lieu met sa présence à profit pour intensifier son action culturelle. « Régulièrement, La Grosse Situation s’immerge sur le territoire, afin de le comprendre et formuler des propositions qui correspondent à sa réalité et à ses préoccupations », explique Thibaud Keller. Naissent ainsi des projets in situ, auxquels les habitants sont associés. Par ailleurs, il n’est pas rare que des équipes conviées en résidence – trois ou quatre chaque saison – sollicitent, elles aussi, la population afin d’approfondir leurs recherches. Enfin, Thibaud Keller s’attache à ce que quasiment chaque spectacle programmé se décline sous la forme de médiations, en lien avec les milieux associatif, social ou scolaire.
Sans omettre son rôle de soutien à la création (entre sept et dix chaque saison) et à la diffusion grâce à son inscription dans des réseaux (Territoires de Cirque et le Réseau 535), Le Champ de Foire revendique son identité de lieu culturel de proximité. « Les nouveaux arrivants doivent pouvoir trouver une offre alliant des spectacles de divertissement et de réflexion avec une exigence de qualité, qui nourrisse leur désir de culture », fait valoir le directeur de la programmation, heureux d’avoir réuni en 2018 un peu plus de 7 000 spectateurs, sur une population de 12 000 habitants. Un encouragement à poursuivre, mais aussi un challenge sans cesse à relever compte tenu de la fragilité économique et sociale du territoire cubzaguais.

L’Affût : Le Champ de Foire développe de nombreux projets participatifs. Quelles formes prennent-ils ?

Thibaud Keller : Ils sont de différente nature. Chaque compagnie accueillie en compagnonnage va, par exemple, mener des projets en lien avec les habitants, le territoire, et les préoccupations qui en émergent. Par ailleurs, certaines créations requièrent la collecte de témoignages, comme l’a sollicitée le Théâtre du Rivage qui s’est rendu dans un EHPAD et un lycée, ou bien la mise en place d’un atelier d’écriture, tel celui mené par la Compagnie Le Chat Perplexe avec des élèves de Terminale à Blaye. Autre cas de figure : la nécessité de contextualiser un spectacle, et donc de rencontrer les personnes résidant à l’endroit où celui-ci sera présenté. Enfin, certains habitants peuvent participer à des représentations, comme récemment des enfants conviés à jouer dans la dernière production d’Olivier Villanove, 50 mètres, la légende provisoire. Nous faisons en sorte de multiplier les opportunités, afin que de plus en plus de publics contribuent à des projets artistiques.

L’Affût : Vous avez également initié Les Traversées imaginaires à destination des scolaires. En quoi consiste ce dispositif ?

En 2017, nous avons signé avec la DRAC, le Département de la Gironde, la Communauté de communes Latitude Nord Gironde et la Ville de Saint-André-de-Cubzac, un Contrat de coopération territoriale d’éducation artistique et culturelle intitulé Les Traversées imaginaires. L’idée est de proposer, de la petite enfance (écoles, crèches, haltes garderies, centres de loisirs…) au lycée, un parcours sur les temps de classe péri et extra scolaires qui permette aux enfants et adolescents de découvrir différentes disciplines du spectacle vivant, mais pas uniquement puisque nous avons aussi travaillé sur la photographie. Un parcours type comprend deux spectacles – un sur le temps scolaire et un autre associant la famille, ce qui est très important à nos yeux –, des ateliers ainsi que des visites du théâtre. Nous prévoyons également un temps de formation assuré par les artistes auprès des enseignants, des conseillers pédagogiques, mais aussi des animateurs socio-culturels. Tous les ans, nous mettons en place une dizaine de parcours, avec entre deux et dix groupes pour chacun.

Le Champ de Foire
Allée du Champ de Foire 33240 Saint-André-de-Cubzac
05 64 10 06 31 – contact@lechampdefoire.org
lechampdefoire.org

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