Le Cube Cirque

Réalisé par Marie-Agnès Joubert en janvier 2018

Grâce à ce nouveau lieu, l’Agora souhaite développer sa politique d’accueil en résidence et de soutien à la création.

Le Cube Cirque – l’Agora de Boulazac, photos Patrick Fabre 

Un lieu dédié à la création

L’inauguration début octobre 2017 du Cube Cirque s’offre comme l’aboutissement naturel d’une dynamique de développement en faveur des arts de la piste initiée au début des années 2000 avec l’implantation des premiers chapiteaux sur la plaine de Lamoura jouxtant l’Agora de Boulazac. Elle témoigne également d’un volontarisme politique partagé par l’État (co-financeur de ce projet et qui a par ailleurs fortement contribué à sa légitimité en attribuant le label Pôle national cirque à L’Agora en 2010) et les collectivités territoriales (Région, Département et Ville). « Un tel équipement, à la fois lieu de travail, de représentation et d’hébergement, n’a pas d’équivalent en Nouvelle-Aquitaine », se félicite le directeur d’Agora, Frédéric Durnerin. Un peu à l’image de La FabricA à Avignon, Le village cirque dispose d’une salle de travail (Le Cube Cirque), d’un lieu réservé au catering, de cinq logements (capables d’héberger au total une vingtaine de personnes), d’un espace billetterie et de restauration situé entre l’édifice et l’espace chapiteau.
Le Cube Cirque (18 m sur 18, avec 11 m de hauteur sous grill) se prête à tous les choix scénographiques : frontal, quadri frontal ou configuration circulaire. « Une compagnie peut ainsi répéter un spectacle au Cube et le faire tourner ensuite sous chapiteau ou sur un plateau, en salle », explique Frédéric Durnerin, insistant sur le fait que l’existence de ce lieu ne vient pas lutter contre l’itinérance des formes circassiennes. Si l’espace chapiteau comme l’Auditorium Agora continueront d’accueillir des résidences, Le Cube va toutefois permettre au Pôle national cirque d’accroître considérablement sa capacité d’accueil et d’accompagnement (en création et en diffusion) des compagnies, dont ses deux artistes associés, le Collectif AOC et La Compagnie L’Oublié(e). Occupé en permanence depuis son ouverture, le lieu recevra chaque saison une dizaine d’équipes artistiques, reflet de la création circassienne contemporaine.
Bien que Le Cube Cirque soit prioritairement dédié à la création (80% de son activité), il pourra se muer de temps à autre en un lieu de présentation d’étapes de travail et de diffusion de certains spectacles, comme en janvier dans le cadre du Festival 30/30. L’existence d’une scène en plein air permettra de proposer des formes circassiennes in situ, des séances de cinéma, des concerts, des événements festifs, des restitutions d’ateliers de pratique amateur (l’école de cirque de loisir de Boulazac est implantée à 100 m). Un autre enjeu fort consiste à faire du Cube – situé dans un parc de trois hectares aisément accessible à pied, en voiture… et bientôt par le train ! – un lieu de vie, Frédéric Durnerin se disant convaincu qu’il peut impulser une réflexion nouvelle sur les liens entretenus par la population d’un territoire avec l’art et la culture.

L’Affût : Que peut apporter une telle structure en termes de dynamiques territoriales en faveur du cirque ?

Frédéric Durnerin : À l’échelon local et régional, il va nous permettre d’œuvrer davantage encore, via la co-diffusion, en faveur de la circulation des formes. Par ailleurs, nous travaillons à l’inscription du cirque sur le territoire grâce à des actions artistiques en direction des écoles, des centres de formation des apprentis, des prisons, et l’existence du Cube va venir renforcer ces actions. Ce nouveau lieu montre combien la question du cirque s’imbrique fortement dans une histoire territoriale. Et le fait que cette histoire se déroule en Dordogne, dans le contexte d’une Région recomposée, est intéressant.
Le Pôle national cirque de Nexon se situe à 80 km de l’Agora. Une telle proximité géographique peut faire sens et s’incarne déjà dans de multiples projets en coopération. Maintenant, il appartient aux acteurs politiques et institutionnels de se saisir de cette proximité.

L’Affût : En quoi l’existence du Cube va-t-elle vous permettre d’accentuer le soutien à la création ?

Nous proposerons davantage d’accueils en résidence et de coproductions. Sur les dix compagnies conviées chaque année, la plupart seront coproduites, à des niveaux différents. Nous resterons également très attentifs à ne pas déconnecter la production (résidences et coproduction) de la question de la diffusion. Ce soutien accentué à la création occasionne toutefois des charges de gestion supplémentaires et suppose donc que nous engagions une réflexion avec nos partenaires institutionnels. L’enjeu est de voir comment l’État, la Région, le Département et la Ville réussissent à s’emparer des perspectives offertes par ce lieu, dans un contexte financier contraint. La belle dynamique qui a permis la naissance du Cube doit être poursuivie. L’État et la Ville ont été très présents, mais il me semble aujourd’hui nécessaire que les partenaires publics actent le fait qu’un lieu labellisé, qui entretient un lien fort avec le territoire, constitue un atout en termes économiques, de rayonnement et de développement d’actions artistiques et culturelles.

Centre culturel Agora
Pôle national cirque de Boulazac 24750 Boulazac
05 53 35 59 65
agora-boulazac.fr

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