Le Pôle Culturel Ev@sion

Réalisé par Sarah Le Blé en octobre 2021

À une quinzaine de kilomètres au nord de Bordeaux, Le Pôle culturel Ev@sion fait la part belle au spectacle vivanten gardant l’ouverture comme fil conducteur, qu’il s’agisse du public ou du lieu.

Pop n’ Break Digital Battle, Battle hip-hop avec les associés Crew, photo Service communication de la Ville d’Ambarès-et-Lagrave

Un lieu de rencontres, de pratiques et de découvertes

L’Ev@sion a démarré sa saison par des petites formes en milieu naturel… Tout ce dont le public a besoin en ces temps de (quasi-post) pandémie ! Le spectacle vivant, dans sa définition même, peut révéler de fortes accointances avec la biodiversité après tout : jouxtant les marais de la presqu’île d’Ambès, classés zone Natura 2000, L’Ev@sion a su profiter de ce cadre exceptionnel pour y insérer des visites contées, des impromptus musicaux, des spectacles in situ… et mettre en place tout un travail autour de la mémoire, par la réalisation d’un mini documentaire sur ce patrimoine naturel. « Ce projet a pu se monter grâce à Bordeaux Métropole dans le cadre du plan de relance post-covid », précise Pascal Deliac, directeur.
Équipement municipal d’Ambarès-et-Lagrave, L’Ev@sion est sorti de terre en 2009 dans la continuité de l’ancien cinéma qui occupait alors cet espace : la rénovation de la salle s’est accompagnée de la création de nouveaux bâtiments et d’un changement de projet, davantage axé sur le spectacle vivant au sens large, avec un mélange assumé de pratiques culturelles amateurs et professionnelles.

Image et médiation : deux axes majeurs
Un financement européen du Feder a permis dès l’ouverture, d’encourager l’exploration de paysages numériques utilisés comme ressource pour le spectacle vivant : scénographie numérique, VJing, mapping… autant de pratiques qui ont permis de véritablement développer une thématique forte autour de l’image. Une façon aussi d’assurer un certain continuum avec l’ancien cinéma…
La médiation culturelle est également devenue partie intégrante du nouveau projet, permettant de développer des actions auprès des scolaires et des quartiers, par le biais de collaborations avec différents partenaires du territoire. Car L’Ev@sion se veut un équipement de proximité qui porte la coopération dans son ADN. « Nous attachons une grande importance aux partenariats avec des structures culturelles du territoire, comme l’Institut départemental de développement artistique et culturel, la Manufacture CDNC à Bordeaux, le Rocher de Palmer à Cenon, ou le réseau des écoles de musiques », indique Pascal Deliac.
Le directeur du Pôle est entouré de 5 personnes dans ses missions : deux techniciens, deux agents d’accueil également en charge de la médiation et de la communication, et une personne en charge des questions administratives.
L’Ev@sion comporte une grande salle de spectacle, d’une jauge de 230 places assises et 575 debout, baptisée salle Didier Lockwood. Le bâtiment abrite l’école de musique ainsi que trois studios de répétition ouverts aux musiciens amateurs. Enfin un auditorium permet d’accueillir régulièrement des résidences d’artistes, que ce soit pour de l’écriture, du placement scénographique ou du travail d’orchestre. Regards croisés
Un beau projet vient récemment d’aboutir dans cette salle, porté par la compagnie « Poèmes en volume ». Au cours de plusieurs « résidences embarquées » à bord de différents navires (bateaux de pêche, porte containers…), le chorégraphe Gaël Domenger a travaillé avec l’écrivain Donatien Garnier et la photographe Hélène David sur le quotidien des gens de la mer. Ils ont créé le spectacle « Les Océaniques anonymes », qui transpose sur un plateau la matière documentaire récoltée, croisant texte, danse et image. L’Ev@sion qui suivait leur travail depuis plusieurs années a accueilli la compagnie pour son travail de scénographie (le spectacle sera par ailleurs visible le 22 octobre prochain). Un croisement des genres et de regards tout à fait représentatif de la vocation généraliste du pôle, aussi lieu de rencontre entre professionnels et amateurs, entre artistes et population.

L’Affût : Comment avez-vous traversé la crise liée au covid ?

Pascal Deliac, directeur du Pôle culturel Ev@sion : Comme pour tous, c’était une période étrange, pas forcément évidente, car teintée d’incertitudes. Mais nous avons pu tester des configurations et des organisations nouvelles. En interne, on a pris des habitudes de travail différentes, davantage organisées en petites cellules ou groupes de projet.
Côté diffusion, la vidéo, déjà très présente dans notre projet d’établissement, est apparue comme une ressource évidente : nous avons ainsi capté les répétitions de plusieurs compagnies puis travaillé sur le montage et la diffusion. Nous avons aussi pu élargir notre public.
Pendant le confinement, nous avons mis en place des visio d’échanges « @live experiment » dans le cadre d’un appel à projet Aquitaine Cultures Connectées, avec le soutien de la Région et de la DRAC. Les jeunes ont pu interroger en direct des musiciens de tous horizons (pédagogues ou amateurs) au sujet de la scène : comment s’y préparer, comment construire sa scénographie, quels sont les outils numériques ?
Nous nous sommes efforcés de préserver au maximum notre écosystème, que ce soit auprès du public ou des artistes.

L’Affût : Quels sont les projets à venir ?

Un grand temps fort sera marqué en octobre avec le Pop’n break digital battle, qui permet des rencontres entre danseurs d’horizons différents tout en mélangeant cultures urbaines, danse et outils numériques. Des battles seront organisées avec des danseurs de l’autre bout de l’Europe ou depuis La Réunion. Autre particularité cette année, nos partenaires Babacar Cissé, Hassan Sarr et les Associés Crew font partie des sélectionneurs pour les JO de 2024 !
Début 2022, c’est un partenariat avec la Manufacture CDCN qui va aboutir lors du festival de danse jeune public « Pouce ! » : nous allons accueillir une compagnie et organiser des rencontres avec les scolaires. La période de crise sanitaire nous a également poussés à interroger le rapport de l’homme avec son environnement, et nous entamons un travail de réflexion sur des projets à monter en lien avec le développement durable.

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