Le Théâtre de Gascogne

Réalisé par Marie-Agnès Joubert en janvier 2019

Deux ans seulement après sa création, le Théâtre de Gascogne s’apprête à devenir une scène conventionnée « Art et territoire ».

Le Molière, Le Pôle, photos Le Théâtre de Gascogne

À l’écoute du territoire

Désireux de mutualiser leur politique culturelle, la Ville de Mont-de-Marsan et l’Agglomération décidaient en 2013 de réunir les théâtres dont elles assuraient la tutelle – Le Molière (550 places), Le Péglé (200 places) et Le Pôle (pourvu d’un plateau de 350 m², d’une jauge de 600 places, d’une salle de répétition et de deux studios de danse) – en une entité unique. Ainsi naquit trois ans plus tard le Théâtre de Gascogne, appelé à devenir un lieu bien identifié apte à favoriser, dixit son directeur, Antoine Gariel, « une meilleure structuration de l’offre culturelle au sud de la Nouvelle-Aquitaine ». Fort logiquement, la synergie entre les salles a permis de doter le nouvel établissement d’un projet artistique plus ambitieux, qui s’articule autour de cinq axes. La diffusion tout d’abord, qui promeut une grande diversité dans les disciplines comme dans les formes, le Théâtre de Gascogne affectionnant de pratiquer « le grand écart » entre un ballet présenté par l’Opéra de Bordeaux et le seul en scène d’un conteur, par exemple. Sur les 46 spectacles à l’affiche, une dizaine sont des créations ; l’illustration de la seconde mission confiée au théâtre : l’accompagnement des compagnies accueillies en résidence (une quinzaine, principalement régionales) et soutenues en production (grâce à une enveloppe globale de 100 000 €) comme en diffusion. « Les deux devant être intrinsèquement liés, tous les artistes coproduits sont ensuite programmés sur nos scènes », souligne Antoine Gariel. En outre, le Théâtre de Gascogne s’adjoint chaque saison deux artistes associés et propose un compagnonnage de trois ans à une compagnie – actuelle­ment, le Théâtre du Rivage basé à Saint-Jean-de-Luz. Si ces dispositifs accentuent la visibilité des équipes artistiques, Antoine Gariel y voit surtout une formidable opportunité de créer ou affermir les relations entre artistes et spectateurs, et de contribuer (troisième axe de son projet) au développement des publics.
Médiation, ateliers, représentations dans des établissements scolaires, sociaux, pénitentiaires, et même projet co-construits avec la population : tout concourt à mettre en partage la culture, au sens large du terme – incluant la gastronomie, le sport (les Landes, terre de rugby) ou encore la tauromachie. Le résultat d’un intense travail partenarial, qui dépasse la mise en réseau entre structures culturelles (que pratique aussi le théâtre dans le montage de projets, la diffusion des compagnies, les tournées…) pour privilégier un dialogue avec l’ensemble des acteurs du territoire (associations, entreprises, représentants de l’Éducation populaire…). « Nous souhaitons faire du Théâtre de Gascogne un théâtre de territoire, pour lui ressembler et mieux le rassembler », résume son directeur, qui aspire aujourd’hui à élargir son action (notamment hors les murs) au-delà des limites de l’Agglomération. Une ambition confortée par la convention « Art et territoire » que le théâtre signera au printemps avec la DRAC, la Région, le Département et l’Agglomération (principal subventionneur du Théâtre de Gascogne). Davantage qu’une reconnaissance, Antoine Gariel y voit surtout un encouragement à poursuivre et amplifier la dynamique.

L’Affût : L’un des axes forts du projet est l’itinérance des spectacles. Comment se met-elle en œuvre ?

Antoine Gariel : Le principe est de favoriser des résidences artistiques décentralisées : durant quinze jours, des communes accueillent des compagnies qui mènent des actions de médiation et présentent des spectacles. Notre rôle ne consiste pas à parachuter des artistes sur un territoire, mais bien à monter et coordonner des projets en partenariat avec les opérateurs culturels et les forces vives (associations, écoles, médiathèques, Cercles de Gascogne…) des communes concernées. Cela nécessite également d’équiper des lieux, très souvent des salles des fêtes, et d’y proposer des formes de spectacles adaptées. Chaque projet est réellement spécifique. Jusqu’ici, cette itinérance était organisée à l’échelle de l’Agglomération de Mont-de-Marsan, soit 18 communes. À la demande de l’État et de la Région, nous commençons désormais à la déployer au-delà de ce périmètre. Grâce à cette proximité entre artistes et habitants, l’objectif est de toucher de nouveaux spectateurs sur les territoires et de nouer avec eux une relation constructive qui leur permette de s’approprier le théâtre.

L’Affût : Depuis 2015, vous possédez une Maison des artistes. Pourquoi l’avoir créée et quelle est son utilité ?

Disposer de trois lieux nous permettait de mettre en place des accueils en résidence, mais l’hébergement des compagnies constituait une charge importante. Plutôt que de solliciter des moyens financiers, nous avons opté pour une solution plus économique. Cette Maison appartient à la commune de Saint-Pierre-du-Mont ; laquelle l’a mise à disposition du Théâtre de Gascogne qui, de son côté, l’a aménagée pour y installer trois chambres (huit couchages) et une cuisine. C’est une nouvelle façon d’être en connexion avec le territoire, qui nous aide ainsi dans le soutien que nous apportons à la création. Nous songeons actuellement à entrer en relation avec d’autres communes, afin d’y établir des lieux similaires.

Le Théâtre de Gascogne Le Molière, place Charles de Gaulle 40 000 Mont-de-Marsan
Le Péglé, rue du Commandant Pardaillan 40 000 Mont-de-Marsan
Le Pôle, avenue Camille Claudel 40 280 Saint-Pierre-du-Mont
theatredegascogne.fr

Partager