Le Théâtre du Cloître

Réalisé par Marie-Agnès Joubert en janvier 2017

Désormais conventionné pour le théâtre, les arts de la marionnette et l’objet, le Théâtre du Cloître, dirigé par Catherine Dété,s’emploie à rayonner sur un large territoire.

Le Théâtre du Cloître, photos Nicolas Monpion et M. Bettembourg

Maintenir une offre culturelle en milieu rural

Étroitement liée à l’histoire locale, celle du Festival de Bellac (64e édition du nom cette année !) qui a suscité chez les élus l’envie de se doter en 2002 d’un équipement pérenne, le Théâtre du Cloître bénéficie d’infrastructures – un plateau de 17m d’ouverture, une salle de plus de 300 places – plus habituelles en zone périurbaine que dans une commune de 4 000 âmes. Une particularité dont Catherine Dété a pris la mesure dès son arrivée à la tête du lieu en février 2015. « Sur un territoire rural, réussir à construire une programmation et à attirer un public fidèle implique que le théâtre rayonne très largement », souligne-t-elle. D’où sa volonté de développer une politique culturelle de proximité (notamment en relançant les « tournées de Pays ») et son corollaire, des productions participatives mettant en relation directe artistes et habitants. Cette démarche s’est concrétisée la saison passée par l’organisation, sous la houlette de la Compagnie La Volige, d’une série de conférences artistiques et citoyennes, et se poursuivra par des créations in situ, telle celle envisagée au printemps avec la Compagnie OpUS.
Le second axe du projet concerne l’accent mis sur la marionnette et le théâtre d’objet, de façon concertée avec l’État ; lequel, explique Catherine Dété, souhaitait que le Théâtre du Cloître acquiert au sein de la Nouvelle-Aquitaine « une identité qui le distingue des autres structures ». Ainsi le lieu est-il désormais conventionné au titre du théâtre, de la marionnette et de l’objet, ce qui a bien entendu une incidence sur la programmation, les accueils en résidence et les apports en coproduction (qui concernent en priorité des compagnies de marionnettes) mais soulève une double difficulté. La première tient à une inadéquation entre la plupart des productions marionnettiques et la configuration du Théâtre du Cloître. Par ailleurs, le programme régional de soutien à la coproduction dont bénéficie le lieu reste encore cantonné au périmètre du Limousin, territoire qui précisément compte peu de compagnies de marionnettes. En attendant une harmonisation des dispositifs à l’échelle de la région, Catherine Dété se montre d’ores déjà très attentive aux équipes artistiques de l’ex Aquitaine et Poitou-Charentes. Pour relever son principal défi, faire naître un désir de spectacles dans l’ensemble de la population du territoire, elle entend en effet s’appuyer sur une permanence artistique dans les murs. Une condition indispensable à ses yeux si l’on veut pouvoir poursuivre ce qu’elle considère aujourd’hui comme un combat : maintenir une offre culturelle de qualité en milieu rural.

L’Affût : En quoi consiste les tournées de Pays, et que permettent-elles dans le rapport à la population ?

Catherine Dété : J’ai souhaité les redéployer un peu différemment. Autrefois, nous adressions aux 52 communes du Pays du Haut Limousin des propositions artistiques qu’elles décidaient ou non de programmer. À présent, l’idée est qu’elles s’emparent du projet et choisissent elles-mêmes les productions qu’elles souhaitent accueillir, parce qu’elles résonnent avec ce qui se passe sur leur territoire. Les communes participent à des réunions durant lesquelles nous leur présentons les spectacles, en les aiguillant sur ceux qui peuvent être intéressants. Ensuite, elles se positionnent ou non et bénéficient d’une aide du Pays du Haut Limousin. Notre démarche génère de nouvelles envies de la part de communes qui n’avaient jamais intégré le dispositif et d’autres qui l’ont rejoint après des années d’absence. Nous recroisons certains habitants au théâtre, les tournées ayant pour objectif de susciter le désir d’assister à d’autres propositions nécessitant un lieu équipé. Elles nous permettent enfin de relancer l’action culturelle. L’an passé, nous avons mené autour d’un spectacle un atelier intergénérationnel sur le conte, qui concernait toutes les communes qui l’avaient accueilli.

L’Affût : Vous avez récemment intégré le réseau G19.
Pour quelle raison ?

J’étais habituée au travail en réseau dans le Nord puis en Normandie. En arrivant à Bellac, dans une région qui ne possède pas de réseau structuré, je me suis naturellement tournée vers le G19. Il me semble en effet nécessaire de trouver des points d’appui, et impératif de collaborer avec d’autres structures si l’on veut continuer à développer des projets innovants. Ce réseau est pour moi un lieu ressources puisque ses membres sont confrontés aux mêmes problématiques que les miennes, et synonyme d’ouverture. Mes collègues me communiquent leur connaissance des compagnies, ce qui me permet de prendre réellement pied sur le territoire. Pour l’instant, le Théâtre du Cloître ne s’est pas inscrit dans des tournées. Il a toutefois participé à des résidences partagées sur le projet Love and Information du Groupe Vertigo qui sera programmé à Châtellerault, Thouars, Bressuire et bientôt à Bellac.

Théâtre du Cloître
Rue Gérard Philipe 87300 Bellac
05 55 60 87 61
info@theatre-du-cloitre.fr – theatre-du-cloitre.fr

Partager