L’Empreinte

Réalisé par Marie-Agnès Joubert en octobre 2018

Grâce à la réunion des Treize Arches et des Sept Collines, la Corrèze dispose désormais d’une Scène nationale,gage d’une irrigation culturelle accrue sur ce territoire de 240 000 habitants.

L’empreinte, photos L’empreinte

Un nouveau territoire de projet

Le 15 juin dernier, la fusion de deux scènes conventionnées, Les Treize Arches (Brive) et Les Sept Collines (Tulle) donnait naissance à un établissement public de coopération culturelle (EPCC) baptisé L’empreinte. Impulsé par les élus des deux Villes, ce rapprochement recouvrait plusieurs enjeux : favoriser l’aménagement culturel d’un territoire en grande partie rural, assurer le développement des deux équipements et surtout leur pérennisation grâce à l’obtention du label Scène nationale, synonyme de moyens financiers plus conséquents (budget de 3,15 M€) mais aussi de nouvelles missions. Le directeur de L’empreinte, Nicolas Blanc, tient d’ailleurs à préciser d’emblée : « il ne s’agissait pas de travailler à l’addition de deux scènes, mais de revisiter les pratiques de chacune afin de définir une troisième voie qui permette d’embrasser un nouveau territoire de projet rassemblant Brive, Tulle et l’ensemble de la Corrèze ». Dans la construction de son projet, il s’est notamment appuyé sur les axes forts des deux établissements, pour en accroître le rayonnement. Les festivals Du bleu en hiver et Danse en mai ont été conservés, de même que l’attachement aux écritures contemporaines manifesté à Tulle comme à Brive. Lieu pluridisciplinaire, L’empreinte accordera ainsi une large place à des productions en phase avec les questionnements qui traversent la société. En témoigne la présence comme artistes associés de Sylvain Creuzevault, défenseur d’un théâtre politique, et de Barbara Métais-Chastanier, auteure, dramaturge et Maître de conférences qui organisera des ateliers d’écriture ainsi qu’un cycle de rencontres en lien avec la programmation. Appelé lui aussi à collaborer au projet, le chorégraphe Christian Rizzo accompagnera le directeur dans la redéfinition de la programmation et des actions culturelles de Danse en mai.
Sur le plan des infrastructures, la Scène nationale Brive-Tulle profite des deux plateaux existants, complémentaires dans leurs possibilités d’accueil des équipes artistiques (une grande salle de 480 places à Brive, une configuration plus intimiste à Tulle) et qui permettent aussi d’alterner entre diffusion (plus de 65 spectacles cette saison, dont 19 créations) sur l’un et accueil en résidence sur l’autre. Conformément à son nouveau cahier des charges, le lieu s’impliquera plus avant dans le soutien à la création (une dizaine de spectacles coproduits cette année), en particulier régionale. Ces capacités de production accrues intéressent également les artistes émergents, qui bénéficieront en outre, souligne Nicolas Blanc, « de la visibilité offerte par une Scène nationale et de son inscription dans des réseaux spécifiques ». Si l’on ajoute à cela un important volet d’irrigation territoriale (en ruralité mais aussi dans les quartiers sensibles des villes), on comprend mieux l’étendue des défis à relever par le nouveau directeur… et « l’excitation » qu’il ressent à l’amorce de la première saison. Une saison test certes mais qui ne dispense pas, Nicolas Blanc en a conscience, d’un objectif de réussite.

L’Affût : Comment favoriser l’appropriation de la Scène nationale par les publics des deux anciennes scènes conventionnées ?

Nicolas Blanc : Depuis un an, nous menons un important travail auprès des publics afin de les informer et expliquer notre démarche. Pour faciliter l’appropriation, nous avons également associé la population au choix du nom de la future Scène nationale, en recueillant ses propositions. Dans l’élaboration de la programmation, nous avons veillé à tendre des ponts entre Brive et Tulle : en proposant des œuvres qui font écho entre les deux villes, des formes différentes présentées par un même artiste sur les deux plateaux, ou encore des spectacles contenant plusieurs épisodes avec, par exemple, un premier épisode joué à Brive et le second à Tulle, et inversement. L’ensemble du projet s’articule autour de cette volonté d’inciter les habitants à circuler d’un lieu à un autre. Sur un plan pratique, ces déplacements entre les deux villes distantes d’une trentaine de kilomètres, seront facilités par la mise en place de navettes à 1 €.

L’Affût : De quelle manière s’incarnera votre présence sur les territoires, notamment ruraux ?

Le premier élément fort est la création, au sein de la gouvernance de l’EPCC, d’un Comité des partenaires territoriaux. Elle répond à une attente des élus – notamment les élus à la culture – désireux d’avoir un espace où se retrouver et échanger. Ce Comité, qui sera actif à compter du 1er janvier 2019, permettra d’élaborer avec les élus des projets qui iront plus loin que le seul accueil de spectacles. Je propose de déployer le projet de L’empreinte sur l’ensemble de la Corrèze, en l’adaptant aux problématiques, aux enjeux et aux besoins de chaque territoire. Il s’agira donc à la fois de décliner des propositions hors les murs et de faire en sorte que les élus initient eux-mêmes des projets artistiques et culturels, en dialogue et en co-construction avec la Scène nationale qui sera un lieu ressources. Dans le contexte actuel de recomposition des territoires, les élus ont en effet besoin d’être accompagnés sur le champ culturel.

L’empreinte
Théâtre de Brive, place Aristide Briand 19100 Brive-la-Gaillarde
Théâtre de Tulle, 8 quai de la République 19000 Tulle
05 55 86 01 10
sn-lempreinte.fr

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