Les logiciels libres et éthiques

Réalisé par Marion Ecalle en février 2023

Utilisation frauduleuse de nos données, surveillance illégale, pratiques anticoncurrentielles, dérives démocratiques, le Tribunal de l’Union européenne met chaque année des amendes faramineuses aux GAFAM et pousse l’Union européenne à se doter d’un bouclier législatif pour contrer les abus.
Certes, les géants du web exercent une réelle domination technique, économique, culturelle et politique sur nos sociétés mais des alternatives existent.

Parlons des logiciels libres / Gilles Seban, Forum Entreprendre dans la culture 2022, photo Alain Faure, L’A.

La notion de logiciel libre est apparue dans les années 80, son histoire est liée à une vision sociale et politique de l’informatique qui met en avant la liberté des utilisateur·rice·s et la coopération entre les développeurs pour créer des logiciels de qualité.

Gilles Seban, spécialiste de l’informatique libre, nous rappelle qu’il existe de nombreux logiciels libres que nous utilisons déjà quotidiennement dans notre écosystème. Firefox est ainsi le navigateur web libre qui est l’un des navigateurs les plus populaires en France. LibreOffice est une suite bureautique libre qui comprend des logiciels pour la création de documents, de feuilles de calcul, de présentations, etc. C’est une alternative libre qui est utilisée en France depuis 2004 par le ministère de l’Intérieur et la Gendarmerie nationale et que l’on retrouve aussi à l’Assemblée Nationale ou au sein de nombreuses administrations.

Gilles Seban précise que les logiciels libres sont au service des utilisateur·rice·s et pas l’inverse : ils font donc ce qu’on leur demande. Ce sont des logiciels transparents que l’on peut auditer et donc améliorer en termes de sécurité.

À l’inverse, il nous rappelle que les logiciels proposés par Google ou Windows ont un cadre d’usage imposé sur du matériel que l’on achète et des logiciels que l’on utilise. Leur achat implique un contrat juridique et restrictif. « Quand vous utilisez Gmail, Word, Outlook, on vous dit ce que vous avez le droit de faire et on vous pose des limites. Vous n’avez pas le droit d’installer Word sur un deuxième ordinateur par exemple. De plus, ces logiciels privateurs sont des vraies boîtes noires, on ne sait pas comment ils sont faits ni comment ils gèrent les données. C’est ainsi que Skype a été interdit dans les universités françaises car il espionnait les utilisateur·rice·s sans qu’ils en soient avertis ».

La résistance au changement est la principale difficulté que rencontre Gilles Seban au moment d’accompagner une structure à changer de logiciels.
« Le plus compliqué c’est que les utilisateur·rice·s ont eu Word, Excel, Gmail, Drive dès le collège ou le lycée et ce sont donc les compétences informatiques qu’ils ont. Plus une personne a appris à utiliser un logiciel étant enfant ou adolescent, plus ce sera difficile de l’inviter une fois adulte à changer de pratique. Le premier réflexe est de ne pas vouloir en changer ».
En Nouvelle-Aquitaine, le RIM, L’A. ou encore le groupement d’employeurs AGEC&CO et l’organisme de formation et conseil CONFER se sont fait accompagner par Gilles Seban pour mettre en place des logiciels libres. Nathalie Redant, directrice, nous indique que l’équipe est impliquée dans l’animation et l’évolution des usages. Une fois par an ils font un point sur leurs besoins et sur les évolutions souhaitées, car aucun logiciel n’est parfait et ne répond à toutes leurs attentes, puis en discute avec Gilles pour étudier les possibilités d’amélioration.

Aujourd’hui les équipes d’AGEC&CO et de CONFER utilisent :

  • Dolibarr pour la gestion de leurs adhérents et de leurs contacts, la facturation et la gestion de l’activité de formation ;
  • LimeSurvey comme outil d’enquête pour la gestion des formulaires de contacts et de renseignements ainsi que l’envoi de sondages ;
  • HumHub comme réseau social interne pour l’animation de la gouvernance, de la communication interne avec les 40 co-salarié·e.s et l’animation des groupes de travail permettant de dialoguer entre chaque réunion, de déposer des documents complémentaires, d’effectuer des votes et sondages en ligne ;
  • Thunderbird pour la gestion des mails ;
  • Redmine pour la gestion de projet.

Gilles Seban rappelle qu’il n’y a pas besoin de commencer par un changement complexe : le logiciel le plus facile à changer reste le navigateur : Firefox au lieu de Chrome qui est une catastrophe en termes de sécurité et de respect de la vie privée.
Pour en savoir plus : degooglisons-internet.org

En bref : Qu’est-ce qu’un logiciel libre et éthique ?

Un logiciel libre est un programme informatique qui s’appuie sur 4 grands droits : être utilisé comme bon semble à l’usager ; être copié sans contrainte ni autorisation ; avoir un code qui peut être lu, étudié, mis à jour et modifié en toute indépendance ; être repartagé une fois modifié.
Un logiciel éthique est un logiciel qui respecte les valeurs morales et les droits fondamentaux des utilisateur·rice·s. Cela peut inclure des politiques de confidentialité sévères, une transparence sur les données collectées et une intégration avec des technologies respectueuses de la vie privée. Les logiciels éthiques peuvent également être utilisés pour promouvoir l’égalité, la diversité et la durabilité.
Un logiciel libre et éthique combine les avantages d’un logiciel libre avec des préoccupations éthiques. En somme, ces deux concepts vont de pair pour garantir une utilisation responsable et respectueuse des utilisateur·rice·s et de leurs données.

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