L’Odyssée

Réalisé par Marie-Agnès Joubert en juillet 2018

Cette scène conventionnée d’intérêt national Art et création est aujourd’hui la seule en Franceà consacrer une part importante de sa programmation aux arts du mime et du geste.

L’Odyssée, photos L’Odyssée

Périgueux, capitale du mime

Lorsqu’en 1998 le maire de Périgueux, Xavier Darcos, demande à Chantal Achilli de prendre la direction d’un nouveau lieu dédié à la création, tout reste à bâtir. À cette époque, la ville bénéficie déjà d’une renommée sur le plan culturel grâce au festival Mimos, où convergent chaque été de nombreuses compagnies de mime. Mais c’est la fusion des deux entités – théâtre et festival – en 2000 qui va façonner le visage de L’Odyssée et lui permettre de se doter d’un projet artistique ambitieux articulé autour des arts du mime et du geste. Conventionnée dès l’année suivante par l’État au titre de cette esthétique, la structure dispose aujourd’hui de deux magnifiques outils : L’Odyssée, pourvue d’une grande salle (850 places), d’un auditorium (200 places) et de locaux annexes, et Le Palace, théâtre de 200 places accueillant la programmation jeune public, des stages, des ateliers, ainsi que des résidences d’artistes. Le soutien à la création constitue en effet un axe majeur de son activité. Davantage qu’une mission, Chantal Achilli considère cet accompagnement comme une « immense responsabilité », au regard de l’absence de subventions dédiées spécifiquement à ce champ disciplinaire. « En outre, ajoute-t-elle, les conditions de production sont plus difficiles, compte tenu de la complexité d’écriture de tels spectacles et des temps de répétition qu’ils nécessitent. » Chaque saison, L’Odyssée accueille en résidence six équipes spécialisées dans les arts du geste et en coproduit autant, pour un montant global de 40 000 € – sur les 80 à 100 000 € consacrés à l’ensemble des artistes soutenus par cette scène pluridisciplinaire. En matière de programmation, le lieu présente 30 à 35 spectacles (dont un quart de mime) à de très larges publics (60 levers de rideau jeune public), auprès desquels il mène un intense travail d’action culturelle : interventions en milieu scolaire (de la maternelle au lycée), au sein d’associations, d’écoles de théâtre et de danse ou encore de maisons de quartiers, stages, ateliers parents / enfants…
Cette sensibilisation et la savante alchimie que Chantal Achilli réussit à opérer entre spectacles grand public et formes avant-gardistes, ont permis d’attirer un nombre croissant de spectateurs : 2 350 abonnés et 35 000 billets vendus chaque saison dans une ville d’à peine 30 000 habitants. Si ces excellents résultats, comme le soutien indéfectible de la Ville – 500 000 € de subvention sur un budget de fonctionnement de 1 600 000 € – ont de quoi réjouir Chantal Achilli, celle-ci demeure néanmoins consciente des efforts considérables à accomplir (notamment la création d’autres scènes conventionnées) pour structurer les arts du mime et du geste et les inscrire dans le paysage culturel hexagonal. Alors que L’Odyssée vient d’être labellisée « scène conventionnée d’intérêt national Art et création », sa directrice nourrit une ambition : que son lieu devienne un Pôle national et dans un premier temps chef de file en région, afin d’accentuer la présence de cette esthétique dans les programmations.

L’Affût : Comment s’effectue l’articulation entre L’Odyssée et Mimos ? Et organiser un festival constitue-t-il un atout pour un lieu ?

Chantal Achilli : L’articulation est naturelle puisque l’équipe et la direction artistique de Mimos et de L’Odyssée sont les mêmes. Les compagnies que je coproduis souhaitent être programmées durant le festival, qui attire de nombreux diffuseurs. Organiser une manifestation constitue un atout, car certains spectacles que je ne peux parfois pas présenter en saison le sont à Mimos. Les espaces sont ainsi doublés, ce qui accroît la visibilité des arts du mime et du geste. Très repéré sur les plans national et international, le festival a en outre permis de mieux faire connaître L’Odyssée. Il est toutefois difficile de dire si les très nombreux spectateurs assistant à Mimos fréquentent par la suite le lieu. Durant la saison, le public est plutôt régional et départemental, alors qu’il est régional, national et international lors du festival. L’un nourrit l’autre.

L’Affût : Où en est la création d’un Centre de ressources sur les arts du mime et du geste ?

Porté par la Médiathèque de Périgueux avec le soutien de la DRAC et de la Région, le Centre de ressources SO MIM devrait être mis en ligne au plus tard en 2020 et, nous l’espérons, dès 2019. Nous dévoilerons sa première mouture le 26 juillet pendant Mimos. Le site comprendra de nombreux extraits vidéo des spectacles filmés lors des 35 éditions du festival (environ 500 heures de captation) et une dizaine de milliers de photos. Afin de le rendre attractif, nous mentionnerons également l’actualité liée aux arts du mime et du geste (productions, dates et lieux de représentation…), proposerons un annuaire des compagnies et des pédagogues, ainsi que des fiches et dossiers thématiques. Toutes les informations seront traduites en anglais, afin que SO MIM soit accessible partout dans le monde.

L’Odyssée
Esplanade Robert Badinter 24000 Périgueux
05 53 53 18 71
odyssee-perigueux.fr

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