Mon métier : Responsable de la communication et de l’information – Laure Rudler

Réalisé par Marion Ecalle en octobre 2022

Ce numéro de l’Affût vous invite à faire connaissance avec Laure Rudler, responsable de la communication et de l’information des Francophonies, Des écritures à la scène. Elle nous raconte son métier, comment elle l’exerce et comment elle se projette.

Boogie Balagan (n°19), Les Francophonies, Des écritures à la scène, photo Christophe Péan

L’Affût : Décrivez­-nous votre poste ?

Je suis arrivée en tant que stagiaire en 2007, puis quelques années plus tard j’ai postulé en tant qu’attachée de communication pour le festival les Francophonies en Limousin. Aujourd’hui, je suis responsable de la communication et de l’information pour Les Francophonies – Des écritures à la scène, un projet porté et dirigé par Hassane Kassi Kouyaté, directeur depuis janvier 2019. Mon poste a évolué. Lorsque je suis arrivée, je travaillais pour un festival. Aujourd’hui je travaille pour une structure qui gère 2 festivals (Les Zébrures d’automne et Les Zébrures du printemps) mais aussi un espace de création et d’accompagnement des artistes tout au long de l’année. Je dois construire des outils à la fois visuels et textuels qui permettent d’identifier la structure, ce qu’on y fait et dans le cadre des festivals, de donner envie aux personnes de découvrir ce que les Francophonies programment. Mon rôle est de dire ce que l’on fait et d’adapter le message et les outils de communication en fonction des différentes personnes à qui l’on doit s’adresser. Ce n’est pas la même chose de parler à des professionnel·le·s qu’à un jeune public. Il n’y a pas de journées types. Il y a des périodes et des temporalités. Par exemple, 6 mois avant le festival Les Zébrures d’automne je contacte les artistes programmé·e·s pour récupérer les textes, les photos, les vidéos. À partir de là, je vais planifier ce que l’on va dire, à quel moment et sur quel support.

L’Affût : Quel a été le déclencheur, comment avez-vous démarré dans ce métier ?

J’ai une formation universitaire un peu en continu puisque j’ai fini mon dernier master en 2019 tout en travaillant déjà aux Francophonies. J’ai d’abord fait un master en sociologie et en anthropologie mais la culture dans son sens artistique me manquait, j’ai alors repris des études en histoire de l’art puis réalisé un master en médiation culturelle. Mon dernier master est en « Cultural studies » (N.D.L.R analyse des processus de construction d’identité dans les cultures médiatiques contemporaines). Tout d’abord, le champ culturel était une évidence puisque l’émotion artistique permet la transmission. Je suis arrivée dans la communication motivée par ma curiosité sur la société et par la réflexion : qu’est-ce qu’on veut dire et défendre, quel levier on a pour se faire entendre.
Aux Francophonies, on travaille sur des thématiques contemporaines et politiques : droits des femmes, racisme… Mon travail c’est d’activer des ressorts reconnaissables par toutes et tous mais aussi de déjouer les stéréotypes. Je travaille avec un graphiste, on va chercher l’information et on la met en forme.

L’Affût : Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ?

J’aime allier les aspects un peu « geek » des outils et en même temps toujours me rappeler que ce ne sont que des outils. Quelquefois mon objectif c’est de faire venir des gens en salle : donner la date, la bonne heure, le bon lieu… Mais ça va souvent au-delà de ça. Il y a un discours à défendre, un projet artistique porté par une direction. C’est assez agréable de se mettre au service d’un projet auquel on croit. Ce qui me plaît vraiment c’est de déjouer les attendus.
Dans mon dernier mémoire, je constatais que quoi que fassent les artistes du continent africain, il y a toujours derrière une manière de parler de leur travail un peu exotisante. Je m’interroge sur ce qu’on transmet au public qui vient, à celui qui ne vient pas, à la presse. Comment faire en sorte que le fait d’être originaire du continent africain n’entraine pas un seul cadre d’analyse et de réception d’une œuvre ? Comment aller au-delà des stéréotypes avec un message rapide et direct ?

L’Affût : Un projet à partager ?

C’est la 39e édition du Festival, ce n’est pas rien pour un festival francophone. C’est un moment fort et un moment de fête. L’édition 2022 a eu lieu du 21 septembre au 1er octobre en plein centre-ville de Limoges. Et puis aussitôt, on se met à travailler sur Les Zébrures du printemps.

L’Affût : Vos grands chantiers à venir ?

La refonte du site internet ! Nous existons depuis 40 ans et nous avons beaucoup d’archives avec un pôle documentaire énorme constitué en partie d’études universitaires. Nous sommes en train de créer un site qui soit à la fois un site vitrine informatif et une plateforme de médiation qui associe de manière interactive des recherches universitaires du monde entier à des propositions artistiques sous forme de thématiques. C’est passionnant de mettre en avant des archives et de montrer comment les pensées évoluent.

L’Affût : Votre métier dans 10 ans ?

J’ai la chance de travailler dans une structure où on fait attention aux discours et à ses implications sociétales. J’ai l’impression que de plus en plus de structures sont dans une obligation de remplissage et de moins en moins dans une démarche de réflexion, cela entraîne une communication très marchande. Lorsqu’on nous demande de toucher des jeunes et donc d’utiliser TikTok, je crains que l’outil devienne une fin en soi et qu’on en oublie ce que l’on défend. On doit bien apprendre l’usage des outils mais on ne doit pas oublier pourquoi on fait ça. On est un transmetteur entre une proposition artistique et des personnes.
Dans un futur idéal, j’aimerais que le secteur culturel travaille davantage avec d’autres secteurs de la société, pour imaginer ensemble d’autres manières de penser, et non pas seulement pour créer des spectacles.

Crédits photos : Portrait Laure Rudler

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